Nous avons besoin, et tout particulièrement en France, de renouveler en profondeur notre conception de l’éducation, notre conception de la gouvernance et plus généralement notre manière de faire société.

Dans ce contexte, les valeurs et les fondements de l’éducation populaire ont une grande actualité, en mettant l’accent sur la valeur des apprentissages « en faisant », sur la capacité d’enrichissement mutuel des expériences, des savoirs et des engagements, sur l’aller et retour permanent entre l’action enracinée territorialement et socialement et l’action ou la réflexion à un niveau plus global.

L’éducation populaire traitée par les élites avec une forme de condescendance a besoin collectivement de s’illustrer, de s’expérimenter, de se populariser, de se reconnaître comme un des volets de ce que j’ai appelé la seconde modernité, en réponse à la crise généralisée des relations que nous héritons de la première et, pour cela de construire entre tous ses acteurs une alliance, cohérente dans son mode de gouvernance avec son ADN.

Créer un commun à partir du partage de l’expérience, un bien qui par excellence se multiplie en se partageant, et, au nom de cette recherche de visibilité et de renforcement mutuel, inventer à l’ère d’internet un média qui puisse à la fois permettre à ses acteurs de se renforcer mutuellement, de se nourrir mutuellement de l’expérience des autres, de tous les autres, me paraît à la fois une ambition légitime et une absolue nécessité.

Ce n’est plus comme par le passé en créant des structures faîtières qui, croyant parler au nom de leurs membres ne parlent plus qu’en leur nom propre, mais en construisant un média qui illustre par l’exemple la force et l’actualité d’un mouvement multiforme, tirant sa pertinence de la manière de traduire des valeurs et intuitions communes dans la réalité diversifiée de chaque contexte que le mouvement de l’éducation populaire pourra à la fois se renforcer en interne et porter haut son message en externe.

Familier de ces enjeux à travers la conviction qui est la mienne depuis des décennies que c’est à partir des territoires que l’on peut reconstruire le lien social, inventer une éducation tout au long de la vie, conduire la transition vers des sociétés durables, j’ai pris l’initiative il y a plus de dix ans déjà, de créer un commun de la connaissance sur les territoires, les villes et leur gouvernance, Citego, www.citego.org et nous sommes engagés dans une nouvelle étape, collective, avec la création d’une communauté de sites ressources sur les territoires et la transition, CORETET, à travers laquelle un ensemble de réseaux mutualise son expérience dans les domaines les plus divers, communauté gérée selon les principes des communs, je retrouve avec joie les mêmes intuitions et les mêmes valeurs dans la volonté de créer, avec e.pop media éducation populaire, un commun de l’éducation populaire et lui apporte tout mon soutien.

Le 17 février 2024

Pierre Calame
Président de Citego
Président honoraire de la FPH (Fondation Charles Léopold Mayer pour le progrès de l’Homme)
Coordinateur du Manifeste « Repenser l’éducation par et pour les territoires »
Auteur de Petit traité de gouvernance et de Petit traité d’œconomie (Éditions Charles Léopold Mayer)